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Les bibliothèques idéales, réelles et imaginaires

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Les bibliothèques idéales, réelles et imaginaires

Fantasmatiques ou concrètes, imaginaires ou réelles, les bibliothèques idéales incarnent une sorte de fantasme de la connaissance, une représentation sublime du savoir et de la meilleure façon de le mettre en valeur. Car une bibliothèque, c’est toujours deux choses : la qualité et la quantité des livres qui la composent, et le meuble, la pièce ou le bâtiment qui les renferme.

Comme dans un livre ouvert

Dans son (magnifique) essai La Bibliothèque, la nuit, Albert Manguel part de l’idée que le contenant de la bibliothèque est au moins aussi important que son contenu, au sens où ce ne sont pas seulement les livres, individuellement, qui produisent du savoir, mais les connexions qui existent entre eux et la façon dont ils sont entreposés.

Les livres, si petites choses, si fragiles, ont toujours eu le pouvoir de faire peur aux dictateurs et aux tyrans – raison pour laquelle ils ont fait en sorte de les détruire. Borges raconte dans « La Muraille et les livres » comment l’empereur Chi Hoang-ti fit ériger la Grande Muraille de Chine tout en ordonnant la destruction de tous les livres – pour que l’Histoire commençât avec lui.

L’autodafé est un sport qui n’a jamais cessé : Daech ne s’est pas contenté de raser les musées, l’organisation a égalé détruit les ouvrages et manuscrits inestimables de la bibliothèque de Mossoul, en Irak. Pour les religieux radicaux, les livres – et la connaissance qu’ils contiennent, capable d’ouvrir les yeux aux masses – sont aussi dangereux, voire plus, que les idoles édifiées par les païens.

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Les bibliothèques idéales

La bibliothèque est donc indissociable des ouvrages qu’elle contient. Le bâtiment est une synecdoque de la somme des savoirs qu’elle renferme : attaquer la bibliothèque, c’est s’en prendre à chacun de ses trésors, sans exception. Les bibliothèques disparues, celle d’Alexandrie au premier chef, génèrent encore chez les bibliophiles quantité de fantasmes.

Celles qui existent aujourd’hui ont diverses formes, tailles et manières de présenter leurs rayonnages. Les bibliothèques idéales sont celles qui renferment les ouvrages les plus précieux et les plus variés, mais dont le contenant est également soigné : voyez la bibliothèque publique de New York, la bibliothèque nationale de Chine ou celle du Congrès américain, à Washington.

Elles sont aussi sources de pouvoir. Politiquement, la bibliothèque revêt un sens symbolique inscrit dans la tradition nationale : chaque président américain, par exemple, fait construire une bibliothèque à son nom, le plus souvent dans sa ville natale ou dans la région de sa « naissance » politique.

Elles nourrissent également toutes sortes de fantasmes. Il suffit de penser à la bibliothèque du Vatican, cachée aux regards, accessible seulement aux chercheurs et encore, très difficilement, popularisée (et rendue irrésistible) par le Da Vinci Code de Dan Brown, promesse de secrets innombrables. Ou celle, fictionnelle, du Nom de la Rose, labyrinthique et occulte, détruite par le feu.

L’imaginaire à l’ouvrage

Montaigne avait créé son propre recueil de citations : elles étaient gravées sur les poutres et les solives du plafond de sa bibliothèque personnelle. Ainsi avait-il à la fois les livres et des extraits soigneusement choisis, tirés de leurs pages précieuses.

Les bibliothèques idéales sont édifiées par l’imaginaire, Meilleur apprentissage de l’anglais  et elles contiennent les ouvrages les plus rares et les plus riches. Celle du capitaine Nemo, enfermée entre les murs du Nautilus, finit par couler avec le sous-marin dans l’Ile mystérieuse de Jules Verne. Et celle de Mr. Norrell réunit l’essentiel des traités de magie du monde, dans Jonathan Strange et Mr. Norrell de Susanna Clarke.

La chimère absolue de la collection bibliophile s’étend au monde entier. Dans « La Bibliothèque de Babel », Jorge Luis Borges imagine que l’Univers est une bibliothèque et que ses habitants survivent à travers les rayonnages couverts de papiers, cherchant « le » livre unique qui contiendrait tous les autres.

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Et les livres dans tout ça ?

Parce qu’il faut bien qu’une bibliothèque soit riche de ses livres, on ne pouvait pas évoquer les unes sans parler des autres. Voici donc une sélection (totalement objective) des 20 ouvrages qu’il faut absolument faire entrer dans sa bibliothèque idéale :

  • L’Iliade et L’Odyssée, Homère
  • Les Métamorphoses, Ovide
  • Les Mille et Une Nuits, anonyme
  • La Divine comédie, Dante Alighieri
  • Don Quichotte, Cervantès
  • Candide, Voltaire
  • Les Misérables, Victor Hugo
  • Anna Karenine, Léon Tolstoï
  • Crime et châtiment, Fiodor Dostoïevski
  • David Copperfield, Charles Dickens
  • Le Procès, Franz Kafka
  • Fictions / L’Aleph, Jorge Luis Borges
  • Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde
  • Les Hauts de Hurlevent, Emily Brontë
  • Ulysse, James Joyce
  • A la recherche du temps perdu, Marcel Proust
  • Le Maître et Marguerite, Mikhaïl Boulgakov
  • Cent ans de solitude, Gabriel Garcia Marquez
  • Fondation, Isaac Asimov
  • L’Insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera

A vous, désormais, de compléter cette bibliothèque idéale… et de trouver le bon meuble, la bonne pièce et/ou le bon immeuble pour en contenir tous les ouvrages !

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