OST de jeux vidéo : quand la musique de jeu est un art

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Les musiques de jeux vidéo sont devenues un marché à part entière : comme les bandes originales des films, elles se vendent indépendamment des jeux qu’elles illustrent et se paient même le luxe, surtout au Japon, d’être jouées à l’occasion de mémorables concerts. On vous dit tout de cet art qui est né dans la douleur au milieu des années 70.

La musique n’est pas un jeu !

Au départ, la musique dans les jeux vidéo est surtout là pour illustrer l’action ou le récit, et accompagner le joueur avec une ambiance sonore qui vient donner du relief aux seuls bruitages. Mais avec le temps, la musique de jeu est devenue un art en soi : on parle d’OST (original soundtrack) de jeux vidéo comme on évoque les OST de films, et certains de ces morceaux sont restés dans les annales.

A l’instar des orchestrateurs qui officient pour le cinéma, les compositeurs de musiques de jeux ont leurs stars, adulées notamment au Japon :

  • Nobuo Uematsu (la série des Final Fantasy)
  • Koji Kondo (The Legend of Zelda, Super Mario Bros)
  • Koichi Sugiyama (la série des Dragon Quest)
  • Yasunori Mitsuda (Chrono Trigger, Chrono Cross, Xenogears)
  • Michiru Yamane (la série des Castlevania)

Les deux univers – cinéma et jeux vidéo – ont d’ailleurs tendance à se rapprocher, à travers leurs bandes originales comme dans d’autres domaines. Quelqu’un comme Michael Giacchino, compositeur attitré de Disney/Pixar (Ratatouille, A la poursuite de demain, Vice versa) et de J.J. Abrams (Super 8, Star Trek Into Darkness) a travaillé pour les séries Call of Duty et Medal of Honor.

Aux origines de l’OST de jeux vidéo

Dans les années 70, les premières bornes d’arcade sont limitées à des « bip » incessants. Pong fait figure de révolution avec ses trois sons différents. Avec plus de notes, les programmeurs parviennent à créer des jingles, en général joués en début ou en fin de partie. Pour les moins chanceux des joueurs, ces jingles peuvent durer toute la partie en se répétant inlassablement.

Il faut attendre les années 80 et les premières consoles pour que la musique gagne en intérêt. La NES de Nintendo offrait assez de tonalités variées pour que l’on puisse parler de musique. C’est la naissance du rôle de « compositeur » de jeu vidéo, qui prend la place du programmeur en inventant des thèmes sonores adaptés aux différents stades du jeu (écran titre, niveaux, boss final, etc.).

Mais c’est la Super NES qui, à la fin des années 80, permet à la musique de jeu d’opérer un grand bon en avant. Grâce à une puce estampillée Sony, la console écrase la qualité sonore médiocre de sa concurrente, la Megadrive de Sega, pour proposer les thèmes désormais mythiques de Super Mario World, Zelda : A Link to the Past ou Super Castlevania IV.

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Quand la bande son devient une symphonie

Secret of Mana (par Hiroki Kikuta) et Final Fantasy VI (par Nobuo Uematsu) achèveront la mue définitive de la composition musicale dans les jeux vidéo, avec des partitions à la fois originales, variées et symphoniques – Kikuta et Uematsu empruntent explicitement à la musique classique, un procédé depuis régulièrement repris par les OST des RPG (Role Playing Game, ou jeux de rôles).

Avec l’avènement du format CD, un nouveau stade est atteint. La capacité de stockage, décuplée, permet à des compositions réellement grandioses d’accompagner les séquences du jeu. Les RPG en sont les principaux bénéficiaires, comme toujours, mais pas seulement : le jeu d’action en profite aussi, par exemple Metal Gear Solid et ses morceaux tout droit sortis d’un film d’espionnage.

Mais une OST, ce n’est pas seulement de la musique. C’est aussi, littéralement, une bande son – donc une ambiance sonore. Le travail réalisé par Kenji Yamamoto et Minako Hamano sur Super Metroid (SNES), avec ses bruitages inquiétants, et plus tard par Akira Yamaoka pour Silent Hill (PlayStation) et son ambiance sonore terrifiante, témoignent de l’importance d’une atmosphère musicale.

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La tentation symphonique

Il n’est plus rare, désormais, que les compositions réalisées pour les jeux vidéo s’exportent dans les salles de concert les plus prestigieuses. Si c’est le cas au Japon depuis longtemps, les USA et l’Europe découvrent progressivement que les concerts d’OST de jeux vidéo, jouées par des orchestres symphoniques, attirent beaucoup, beaucoup de monde.

Des représentations grandioses offrent aux gamers de savourer leurs musiques fétiches, par exemple lors de la tournée mondiale « The Legend of Zelda : Symphony of the Goddesses », une orchestration des meilleurs thèmes de Koji Kondo tirés de la série créée par Shigeru Miyamoto. Ou encore le concert « Press Start », un pot-pourri de musiques réarrangées pour orchestre symphonique.

Il faut dire qu’en plus d’être un art exigeant, la bande originale de jeu représente un travail cyclopéen : pour un RPG qui affiche une durée de jeu de plusieurs dizaines d’heures, une OST peut s’étendre sur deux bonnes heures ou plus (entre 4h et 4h30 pour Final Fantasy VII et IX).

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Une sélection des meilleures OST de jeux vidéo

Pas question de vous quitter sans vous proposer une sélection des bandes originales les plus emblématiques. Cette liste affiche essentiellement des RPG – le style de jeu et la longueur de l’aventure justifiant d’une OST plus travaillée que d’ordinaire – mais pas seulement : action-aventure et plate-forme sont également de la partie.

  • The Legend of Zelda : A Link to the Past (SNES), Link’s Awakening (Gameboy) et Ocarina of Time (N64)
  • Castlevania : Symphony of the Night (PlayStation) – l’une des OST les plus incroyables jamais composées ! – et Super Castlevania IV (SNES)
  • Chrono Trigger (SNES) et Chrono Cross (PlayStation)
  • Shadow of the Colossus (PS2)
  • Metal Gear Solid (PlayStation) et Metal Gear Solid : Sons of Liberty (PS2)
  • The Battle of Olympus (NES) – du Bach sur NES !
  • Super Mario Bros (NES) et Super Mario Sunshine (Gamecube)
  • Baten Kaitos (Gamecube)
  • Final Fantasy VI (SNES), VII et IX (PlayStation)
  • Dragon Quest VII : L’Odyssée du roi maudit (PS2)
  • Secret of Mana(SNES)
  • Street Fighter (SNES)
  • Nutz (SNES)
  • Silent Hill (PlayStation) et Silent Hill 2 (PS2)
  • Myst (PC)

Il nous reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute !

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